Recherche Bay numéro 244 - 11/12/2024
Je reviens cette semaine sur les tensions sur le marché de l’argent dans mon bulletin macro publié sur or.fr
Graphiquement, l’Argent est dans une configurations semblable à la situation de 2010.
La semaine a été très volatile sur le marché de l’Argent.
Le premium EFP (Exchange For Physical), qui relie les contrats à terme du COMEX à l’argent physique de Londres, ont explosé en début de semaine à 1,05 $/oz , révélant une désynchronisation entre ces deux marchés. Les banques, souvent short sur les EFP, subissent des pertes à mesure que le spread s’élargit, accentuant la pression sur le marché.
Ces tensions rappellent celles observées en 2020, où des contraintes logistiques et des rumeurs de stockage massif par l’US Mint avaient perturbé le mécanisme EFP.
En 2020 on parlait de problèmes logistiques, aujourd’hui le problème vient d’ailleurs: des taxes potentielles sur les importations de barres d’argent en provenance de Chine pourraient encore compliquer la chaîne d’approvisionnement.
L’intervention qui a eu lieu en fin de semaine sur le COMEX n’avait qu’un seul but: diminuer la pression sur ce spread qui s’il s’élargissait aurait pu causer de lourdes pertes chez les bullion banks qui sont naturellement shorts sur ce spread.
Comme c’est souvent le cas lors de ces interventions, les ventes sur els futures sont massives et brutales. En une demi-heure, Jeudi, l’équivalent de 1200 tonnes d’argent papier ont été vendues brutalement, c’est l’équivalent de la production annuelle d’Argent du Chili!
Ces ventes massives ont fait sauté tous les stops loss des hedge funds qui avaient pris des positions longues sur les futures, la baisse s’est accélérée les heures suivantes.
Une nouvelle fois, le seuil des $32.50 sur l’argent a été défendu, comme en Mai, Juin, Octobre et Novembre dernier!
L’épisode de cette semaine le démontre: le marché physique de l’argent subit une pression croissante, reflétant une demande accrue couplée à une offre limitée, ce qui perturbe l’équilibre fragile du marché des contrats à terme. Ces derniers, qui sont de plus en plus “leveragés”, reposent sur des volumes financiers bien supérieurs à la quantité réelle d’argent disponible. Si la demande physique continue d’augmenter, cela pourrait compliquer la conversion des contrats en métal réel (via des mécanismes comme l’EFP), mettant en péril le fonctionnement du marché des futures et accentuant les déséquilibres entre transactions financières et disponibilités physiques.
Ces marchés sont extrêmement lucratifs pour les banques, ce qui explique pourquoi leurs interventions visent à protéger une source substantielle de revenus. Si les échanges d’argent physique se faisaient directement, sans passer par les contrats à terme, et revenaient à des transactions de gré à gré, les banques perdraient une part importante de leurs revenus. Les positions « short » sur les EFP (Exchange For Physical) sont particulièrement profitables, car elles impliquent un risque limité. Elles impliquent néanmoins des effets de levier considérables qui devient très risquée si ces EFPs dérapent à la hausse pour des contraintes physiques comme on l’a vu cette semaine. C’est précisément pour préserver ce modèle que l’on observe des interventions massives visant à « protéger » le fonctionnement du marché des futures.
En parallèle, l’or physique connaît un regain d’intérêt, porté par les achats des banques centrales (694 tonnes en 2024, comparable à 2022). Des pays comme la Chine, l’Inde, et la Pologne renforcent leurs réserves, alors que les investisseurs occidentaux restent indifférents. Les encours des ETFs adossés à l’or continuent de baisser malgré des records de prix, reflétant un décalage entre les marchés asiatiques et occidentaux.
Ces dynamiques indiquent un resserrement imminent des marchés de l’or et de l’argent, avec des implications significatives pour les prix à court terme.
Analysons plus en détail les conséquences de cette volatilité sur le marché de l’argent, en mettant l’accent sur ses répercussions sur les minières: