Recherche Bay numéro 134 - 02/11/2022
Dans mon bulletin macro hebdomadaire publié sur or.fr, je reviens sur l’impasse dans laquelle se trouve le Trésor Américain.
La hausse du coût des emprunts, le mur de dette et la chute des recettes fiscales liées au ralentissement économique vont pousser le Trésor à émettre plus de dette pour équilibrer ses comptes, à un moment où la Fed a commencé son programme de réduction de son bilan et refuse pour l'instant d’engager un nouveau programme de rachat d’obligations. Qui va donc acheter toute cette nouvelle dette ?
Les banques centrales des BRICs ne se bousculent pas au portillon, elles préfèrent acheter de l’or physique.
D’après le World Gold Council, alors que l’offre d’or physique était stable (la hausse du recyclage a tout juste permis la baisse de production observée chez les minières), la demande d'or au troisième trimestre a augmenté de 28% en glissement annuel, à 1 181 tonnes. L’investissement particulier dans les lingots d'or et les pièces de monnaie a bondi à 351 tonnes, un plus haut en six trimestres. Mais c’est surtout la demande d’or physique des banques centrales qui a fortement augmenté : 400 tonnes d’or achetées en un seul trimestre! La demande est quatre fois supérieure à celle de l’an dernier à la même période !
Cette véritable ruée sur l’or physique se déroule à un moment où les cours de l’or continuent leur repli. Le mois d’Octobre se termine avec un nouveau repli, c’est le septième consécutif, c’est un record!
Trois éléments sont à l'origine du repli actuel des cours de l’or qui ont poussé de nombreux gérants à prendre des positions baissières sur le métal : hausse des taux réels, hausse du dollar et diminution de la masse monétaire. Mais pendant que les fonds vendent de l’or papier, on assiste dans le même temps à une véritable ruée sur le métal physique. sans stock physique, les vendeurs doivent racheter leurs positions en toute urgence. C’est dans ces moments-là qu’on assiste à un short squeeze. Les modèles basés sur les arguments macros deviennent tout à coup obsolètes : en absence de stock, le marché physique dicte les règles du jeu et les spéculateurs doivent couvrir leurs positions baissières en toute hâte.
Cet achat d’or physique se déroule au moment même où le Trésor américain est dans une impasse pour financer son déficit. Plus les difficultés de l’État américain pour financer sa dette augmentent, plus les banques centrales des autres pays augmentent leurs achats d’or physique. On réalise peu à peu la valeur ultime du métal jaune. L'or est en train de redevenir l’assurance ultime contre les défauts. Défaut d’un pays, ou défaut de sa monnaie lorsque le pays en question fait tourner la planche à billet.
Est-ce cette tension sur le physique qui est à l’origine de la hausse spectaculaire des minières ce Vendredi?
Peut-être. Mais nous allons voir dans ce bulletin qu’il y a d’autres éléments qui sont à l’origine de cette hausse extraordinaire de plus de 10% de l’indice GDX en une seule séance, la dernière fois qu’on avait eu une telle hausse c’était en Mars 2020 juste après le plan de sauvetage décidé en urgence par Powell pour sauver les marchés qui qui étaient en train de s’effondrer littéralement avec le déclenchement de la crise du Covid.
Quelles sont les raisons qui expliquent cette hausse fulgurante des minières ce coup-ci?