Recherche Bay numéro 140 - 14/12/2022
Ce nouveau bulletin Recherche Bay est consacré une nouvelle fois aux comptes rendus de mes entretiens que j’ai eus avec les présidents de plusieurs compagnies minières ces dernières semaines.
Après l’uranium la semaine dernière, on va maintenant parler de cuivre.
Je ferai un bref retour sur les chiffres clés de ce marché, je reviendrai ensuite sur mon compte rendu de Libero Copper, une société d’exploration canadienne qui avance sur un projet très intéressant en Colombie.
Avant de démarrer ce bulletin, comme d’habitude, retour sur le bulletin macro publié cette semaine sur or.fr
L'événement est passé inaperçu: lors du sommet en Arabie Saoudite, la Chine à appeler les pays arabes à utiliser le yuan dans le règlement des transactions pétrolières et gazières. Cette incitation à l’abandon du dollar dans les échanges entre la Chine et les pays du moyen orient est un évènement géopolitique majeur qui pourrait bousculer le rôle du billet vert dans les échanges internationaux.
Dans ce contexte, l'or serait-il en train d'être remonétisé par la force des choses?
La Chine avance ses pions au Moyen-Orient et place l'or au coeur de sa stratégie, c’est à lire dans mon dernier bulletin: https://or.fr/actualites/chine-avance-pions-moyen-orient-place-or-coeur-strategie-internationalisation-yuan-2952
La Chine est d’ailleurs l’un des principaux acteurs de la lutte que se livrent les pays du globe dans la course à la sécurisation des métaux.
Et parmi les métaux stratégiques qui contribuent aujourd’hui à cette lutte serrée d’approvisionnement, le cuivre est l’un des métaux les plus recherchés.
Dans son livre “The New Map”, Daniel Yegin anticipe que nos besoin dans ce métal vont doubler d’ici 2035
Cette augmentation des besoins est liée aux efforts de décarbonation de l’économie qui vont devoir passer par une augmentation très significative des besoins d’électrification.
Une récente étude de Mackenzie confirme cette vision: les besoins en cuivre vont passer de 28 millions de tonnes aujourd’hui à près de 55 millions de tonnes à l’horizon 2040.
Cette augmentation est liée à l’augmentation organique du développement du parc actuel, et aussi de l’accélération des nouvelles formes de sources de consommation qui font appel au cuivre: éoliennes, centrales solaires, véhicules électriques…
Quelques exemples de consommation: Les parcs éoliens terrestres utilisent environ 4 tonnes de cuivre par MW. Les parcs éoliens offshore utilisent plus 10,5 tonnes par MW!
Une installation solaire utilise environ 5,5 tonnes de cuivre par MW Aux USA, entre 2018 et 2027: 1 million de tonnes de cuivre seront nécessaires rien que pour ce secteur (source: Navigant Research)
On le sait peu en Europe, les Etats Unis se sont engagés sur un vaste projet d’équipements en matières de projets d’énergie renouvelable. Couplée à un effort significatif de modernisation du réseau électrique, ce projet d’investissement est à lui seul responsable d’une hausse de plusieurs millions de tonnes de cuivre à très court terme…
A côté de ces besoins liés au ER, il y a aussi et bien entendu les besoins liés au développement du parc automobile dont la transition vers l’électrique ne fait que commencer
Les gisements de cuivre sont pour la plupart connus. Ils sont sous forme sédimentaires ou porphyres et situés sur des zones très précises
La plupart des mines les plus productives sont situées en Amérique du Sud, principalement au Chili, ce sont des porphyres cuprifères
La mine à ciel ouvert d’Escondida est la seule à dépasser le million de tonnes de production annuelle
Pour réussir la transition énergétique, il va falloir développer beaucoup plus de projets de cette taille. Pour atteindre ces fameux 55 millions de production de cuivre à échéance de 15 ans, même si on augmente les filières de recyclage, nous allons devoir développer beaucoup de projets de la taille d’Escondida.
La recherche de ressources à très hauts potentiels est un impératif à court terme, lorsqu’on connaît la longueur du développement d’un cycle minier de l’exploration jusqu’à la production: de 8 à 12 ans en fonction du projet et de la juridiction, avec un taux d’échec dans le cuivre qui dépasse les 90%…
Ces chiffres donnent la mesure de la taille de l’investissement à consacrer sur l’exploration cuprifère!
Intéressons nous à présent à l’un de ces projets: