Recherche Bay numéro 146 - 25/01/2023
Au sommaire de ce nouveau numéro de Recherche Bay: quelques analyses graphiques sur les minières et une partie consacrée cette semaine à un métal particulier, l’étain.
Avant cela revenons sur le bulletin macro publié comme chaque semaine sur or.fr intitulé “États-Unis : la récession est reportée, le mur de la dette se profile”.
Les modèles fin 2022 s’étaient pourtant tous mis d’accord sur l’arrivée imminente d’une récession aux Etats-Unis: Que se passe-t-il ? Pourquoi la récession prévue par ces modèles ne pointe-t-elle toujours pas le bout de son nez ? L’explication est peut être à trouver sur la résistance du marché de l’emploi, particulièrement dans le secteur de la construction. Malgré un ralentissement très sévère dans l’immobilier, l’emploi reste à des niveaux records dans le bâtiment, sans doute dans l’anticipation du méga programme de constructions d’infrastructures décidé par le gouvernement actuel. En 2007, c’est la perte massive d’emplois dans ce secteur qui avait entraîné la récession, cette fois-ci rien de tel (pour le moment). La récession est repoussée, et ceux qui avaient parié sur un déclenchement rapide de ce ralentissement se sont trompés. Encore une fois, une prévision économique mal timée est et continue à être une mauvaise prévision. Prévoir une récession est assez simple, par contre bien la timer est généralement ce qu’on demande à des analystes et se tromper dans le timing, c’est se tromper tout court!
Ce report de l’entrée en récession aux Etats Unis complique les choses pour le secteur immobilier mais aussi pour les états lourdement endettés: plus la Fed attend pour “pivoter”, plus les taux restent hauts, plus le marché immobilier se grippe et plus la charge des remboursements des dettes reste élevée. Dans le même temps, les entrées fiscales baissent, les déficits se creusent. Cela est vrai en France, mais aussi aux Etats Unis et dans certains états comme la Californie. C’est le paradoxe de cette situation: au plus l’activité se maintient, au plus la Fed reste sur sa ligne dure sur les taux, et donc le mur de la dette arrive plus vite que prévu. Tout à coup, ce problème de la dette qu’on croyait repoussé à des années lointaines surgit en force parce que les remboursements explosent à la hausse. Les états se retrouvent de manière brutale dans la même situation que des ménages insolvables qui ont emprunté à des taux variables.
Et c’est sans doute cette crainte de collision brutale avec ce mur de la dette qui maintient l’or à des niveaux proches de ses plus hauts.
L’or a cassé sa tendance baissière par rapport aux marché action (SPX500) et commence même à construire son premier véritable breakout par rapport aux indices depuis 2008
Meilleur indicateur encore pour surveiller la surperformance des métaux précieux par rapport aux marchés, le graphique Argent/Nasdaq est lui aussi en train de confirmer la cassure de tendance baissière entamée en 2008
Ces cassures de tendances ne sont pas confirmées par les mouvements des minières qui restent très timides par rapport au reste du marché.
Le graphique GDX/SPX500 illustre l’état végétatif des minières dans ce rebond des métaux précieux.
J’ai une mauvaise nouvelle pour celles et ceux parmi mes lecteurs qui se réjouissent des performances des minières depuis le rebond de Septembre: rien n’est confirmé dans ce rebond, nous n’avons toujours pas assisté à l’impulsion haussière qui viendrait confirmer le début de décorrélation entre les minières et les autres valeurs du marché. Nous sommes encore bien loin d’une reconnaissance par les marchés au niveau de ce secteur des minières de la cassure de la tendance baissière du cours des métaux par rapport au marché.
Et parmi ces métaux, il y en a un qui surperforme les autres justement depuis le rebond de septembre. Ce métal, c’est l’étain.
Le cuivre et le zinc ont tous deux rebondi de +20%, l’étain a lui rebondi de près de 80% depuis Septembre dernier.
Dans le Financial Times de ce week end, Harry Dempsey et George Steer attribuent ce rebond des métaux au renouveau de la demande chinoise. La demande est pourtant en baisse mais la ruée sur le physique continue et la demande de stockage appuyée par le gouvernement chinois a fait décoller le prix de l’étain.
Cette ruée sur le physique est totalement déconnectée du sentiment baissier des investisseurs occidentaux qui continuent à parier sur un ralentissement économique et donc une baisse des cours des métaux.
Nous aborderons dans mon bulletin macro de la semaine prochaine les conséquences sur les niveaux des stocks.
Continuons à nous intéresser à ce métal en particulier.
Cette ruée sur le physique en dehors de tout critère lié à la demande semble affecter particulièrement ce métal. La Chine stocke, mais aussi les Etats Unis.
Il faut dire que l’étain est le métal dont l’usage va le plus progresser avec la transition énergétique.
La Chine et l'Indonésie produisent la moitié des 300 000 tonnes produites chaque année (source International Tin Association)
L’Indonésie vient de durcir les conditions d’exportation, et la production dans ce pays est en baisse continue depuis 2005. La production chinoise se tarit également.
Les besoins d’étain vont exploser alors que les stocks diminuent, on comprend mieux la ruée des états sur ce métal stratégique. Conséquence: les stocks sont à un plus bas historique
Comment en tant qu’investisseur accompagner ce mouvement? Y a-t-il un réel effet de levier sur les minières concentrées sur ce métal? Essayons d’y voir plus clair….