Recherche Bay numéro 236 - 16/10/2024
Ce vendredi restera marqué dans l’histoire.
L’argent a enregistré sa troisième plus forte hausse en une seule séance depuis 1980. Une augmentation de 2 $ en une journée, un événement qui n’était pas survenu depuis 15 ans. L’argent atteint ainsi un sommet inédit depuis 2012.
Avant d’entrer dans les détails de cette journée exceptionnelle et de ses répercussions très positives pour les minières, je vous propose un retour, comme chaque semaine, sur mon bulletin macroéconomique publié sur or.fr, cette fois-ci consacré à l’immobilier.
Le marché immobilier chinois a connu une chute spectaculaire depuis 2022, avec une baisse de 82 % par rapport au sommet de mai 2021, ramenant les prix à des niveaux comparables à ceux de 2008. Ce déclin a provoqué une réticence des consommateurs à dépenser, préférant épargner. Un scénario similaire pourrait-il se produire en Europe ou aux États-Unis ?
Ces marchés immobiliers dépendent fortement des prêts hypothécaires, qui ont été eux-mêmes stimulés trop longtemps par des taux d’intérêt historiquement bas.
Mais l’augmentation des taux à long terme pourrait inverser cette dynamique, rendant l'accès au crédit plus difficile.
Aux États-Unis, le prix des maisons a bondi de 50 % en cinq ans, tandis que les revenus des ménages n’ont augmenté que de 17 %, dégradant l'accessibilité au logement.
Le nombre d'agents immobiliers a chuté de 14 %, et les taux hypothécaires ont fortement augmenté, atteignant 6,53 %.
Cette situation de blocage du marché immobilier pourrait pousser certains investisseurs à se tourner vers des actifs comme l'or, qui gagne en popularité, la situation serait alors équivalente à ce qui se passe en Chine où l'immobilier a perdu son attrait.
En France, des mesures fiscales pourraient affecter l'investissement locatif, aggravant la situation pour les acheteurs.
L’ensemble de l’analyse est consultable ici https://or.fr/actualites/etats-unis-envie-investir-dans-immobilier-plus-bas-historique-3438
Revenons maintenant sur la situation particulièrement tendue sur le marché de l'argent.
Les volumes d'échanges de vendredi ont été impressionnants.
Toutes les positions short ouvertes au cours de ces 12 longues années de consolidation par les bullion banks sont désormais déficitaires. Ne nous y trompons pas : la séance de vendredi a marqué un véritable short squeeze, comme en témoignent les volumes exceptionnels sur les contrats à terme.
Durant la semaine la plus récente du CoT (Commitments of Traders) du 9 au 15 octobre, les Swap Dealers (principalement des bureaux de banques de lingots) ont réduit leur position nette vendeuse de 2 100 contrats Comex sur l'argent, et cela malgré une hausse de prix de 1,16 $.
Les volumes enregistrés vendredi suggèrent que les rachats de positions vendeuses se sont probablement intensifiés à mesure que le cours de l'argent progressait.
Cette hausse significative de l'argent a coïncidé avec l'expiration des options sur les futures, créant ainsi un gamma short squeeze. L'afflux massif d'ordres d'achat de calls sur le SLV, au-delà de l'offre disponible sur le marché, a provoqué une augmentation spectaculaire du cours du sous-jacent.
Le "gamma short squeeze" est un phénomène où, en raison de l'augmentation des prix du sous-jacent, les teneurs de marché - les market makers- (qui ont vendu des options d'achat) doivent acheter davantage du sous-jacent pour se couvrir (on parle de "delta hedging"). Plus la hausse des prix est rapide, plus ces acteurs doivent acheter, amplifiant ainsi la hausse. Ce phénomène a été observé Vendredi avec l'afflux massif d'ordres d'achat de calls sur l'ETF SLV, qui suit le prix de l'argent. Le volume d'achat dépasse alors l'offre disponible, créant une hausse rapide et importante du prix de l'argent.
L'activité autour du call à 30 $ a été particulièrement intense. En l'espace de seulement six heures, la valeur de ce call est passée de 1 centime à 80 centimes.
Un trader a investi 6 000 $ pour acheter 2 000 contrats d'options SLV à 3 cents chacun (0,03 $ × 100 actions par contrat = 3 $ par contrat). En fin de séance, il a revendu ces contrats à 80 cents chacun (0,80 $ × 100 = 80 $ par contrat), réalisant ainsi une vente totale de 160 000 $. Son gain net est donc de 160 000 $ - 6 000 $ = 154 000 $ en quelques heures… C’est un gain tout à fait exceptionnel avec une mise de départ aussi petite…
Explorons maintenant en détail les conséquences de cette hausse brutale de l’argent sur les minières :
Cela fait des années que nous le soulignons dans ces bulletins : les minières réagissent beaucoup plus aux variations des contrats à terme sur l’argent qu’au prix spot de l’or.
Ce mouvement haussier spectaculaire de l’argent a eu des répercussions majeures sur toutes les sociétés minières. Il intervient à quelques jours de la publication des premiers résultats des minières, qui vont témoigner d'un événement historique pour ce secteur. Depuis que je suis ce domaine, les marges de ces entreprises n’ont jamais été aussi élevées : le prix de l’or s’est enfin décorrélé des coûts de production des minières aurifères. Ce phénomène, apparu au deuxième trimestre de cette année, est sans précédent par son ampleur.
Cette augmentation des marges, encore largement ignorée par le marché, se révélera pleinement dans les prochains résultats des sociétés minières.
Le secteur des minières de métaux précieux s'était déjà distingué au deuxième trimestre en tant que générateur de cash flow le plus important.
Avec une once d'or à plus de 2 700 $, la baisse des prix du pétrole, et une forte hausse de l'argent qui a propulsé plusieurs titres, les résultats des sociétés minières pourraient attirer un nombre bien plus important d'investisseurs dans les semaines à venir.
Dans la suite de ce bulletin, examinons d'autres catalyseurs de hausses potentielles et arrêtons-nous sur quelques titres spécifiques qui méritent une attention particulière: