Recherche Bay numéro 242 - 27/11/2024
Cette semaine a lieu le Northern Miner Symposiums à Londres avec Rick Rule en invité vedette.
La première question posée à Rick Rule était la suivante: Est ce que l’élection de Trump va changer les choses pour l’or et le secteur minier.
La réponse du célèbre analyste du secteur des matières premières a été d’une grande limpidité.
Nous vivons dans un monde qui n’a jamais été aussi dangereux, et le rôle critique du secteur des métaux précieux et stratégiques n’a jamais été aussi évident qu’aujourd’hui. Le secteur joue un rôle central dans la stabilité économique et l’approvisionnement des industries clés, mais il fait face à de nombreux défis, notamment avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’investisseurs et de décideurs.
Le contexte politique et économique global accentue cette pression. Le changement impulsé par Trump a mis en lumière des problèmes structurels non résolus : une dette non garantie de 36 trillions de dollars et des engagements financiers totaux atteignant 1000 trillions. Chaque année, le gouvernement fédéral continue de gonfler ses revenus via l’inflation, cherchant à "sortir" de ses obligations par une dévaluation progressive des dettes, tout en conservant les valeurs nominales. Il est clair que les promesses passées ne seront pas tenues, mais revenir en arrière semble tout simplement impossible.
Cette situation rend les alternatives presque inexistantes. Il faut une grande intelligence ou une capacité d’analyse exceptionnelle pour imaginer un scénario crédible en dehors de ce cercle vicieux.
“Je ne me considère pas assez intelligent pour envisager une autre issue à cette impasse, si ce n’est une forte dévaluation des monnaies fiduciaires, et du dollar en particulier.”
Dans mon bulletin macro publié sur or.fr, je reviens justement sur cette impasse que semble aujourd’hui exploiter la Chine.
L'Arabie Saoudite a récemment orchestré une émission de 2 milliards de dollars d’obligations souveraines chinoises, marquant un tournant majeur dans le paysage financier mondial. Contrairement aux pratiques habituelles, ces obligations, libellées en dollars américains, ont été émises à Riyad avec un rendement compétitif, aligné sur celui des bons du Trésor américain (UST), et ont attiré une demande exceptionnelle, vingt fois supérieure à l’offre.
Cette opération met en lumière la fragilité croissante des UST, un pilier de la finance mondiale. Depuis 2022, les rendements des obligations à 10 ans s’écartent de leur trajectoire baissière de long terme, reflétant des déficits colossaux, une inflation persistante et une baisse de la demande internationale. Ces déséquilibres exacerbent les tensions sur le marché obligataire américain, où les pertes engendrées par le krach obligataire de 2022 sont déjà sept fois supérieures à celles de la crise financière de 2008.
L’émission chinoise par Riyad s'inscrit également dans une dynamique géopolitique. Elle reflète le désengagement progressif de l’Arabie Saoudite de l’influence américaine et renforce ses liens avec la Chine, tout en remettant en question le système du pétrodollar. Riyad se positionne comme une alternative aux circuits financiers occidentaux, et la Chine utilise ces initiatives pour diversifier ses réserves et étendre l’usage du yuan.
Face à ces bouleversements, l’or physique émerge logiquement comme un refuge privilégié. Il profite à la fois des craintes liées à l’aggravation du déficit américain et des répercussions potentielles des tensions sino-américaines sur les marchés financiers. Dans un monde de plus en plus instable, l'or s'impose comme un actif clé pour préserver la valeur face aux incertitudes économiques et politiques croissantes.
C’est dans ce contexte qu’il faut raisonner quand on aborde l’or comme investissement. Face à cette dévaluation monétaire, l’or continuer à grimper tout simplement parce qu’il va retrouver sa moyenne d’allocation qu’il a quitté depuis plusieurs années. Un simple retour à la normale en termes d’allocations est suffisant pour faire décoller l’or.
Pour Rick Rule, il n’est pas nécessaire d’être un fervent défenseur ("gold bug") pour réaliser son importance.
Rick Rule a ensuite présenté sa stratégie d’allocation pour l’année prochaine, en mettant un focus particulier sur le secteur des juniors. Après une brève introduction à son intervention sur ce point précis, ce bulletin se poursuivra avec la suite de mon compte-rendu du SMI, en mettant en lumière d'autres juniors que je compte suivre de près.