Recherche Bay numéro 243 - 4/12/2024
L’Europe traverse une période de crise économique et politique majeure.
Mon bulletin macro publié comme chaque semaine sur or.fr revient sur cette situation qui me semble plus grave que la dernière crise de la zone euro de 2011.
Les deux piliers traditionnels, l’Allemagne et la France, subissent des difficultés profondes. L’Allemagne, longtemps moteur industriel, est en contraction depuis plus de deux ans, avec une production industrielle en baisse de 2,6 % au troisième trimestre 2024. Son secteur manufacturier est paralysé par des coûts énergétiques élevés, une dépendance au gaz et des tensions liées à la transition énergétique. La désindustrialisation et la baisse des investissements exacerbent la situation.
En France, l’instabilité politique et une dette publique record (112 % du PIB) pèsent sur l’économie. L’inflation persistante et la crise énergétique aggravent la situation sociale, alimentant des mouvements sociaux. La croissance prévue pour 2024 est faible (0,4 %), et la compétitivité industrielle reste un défi majeur.
La crise énergétique, amplifiée par l’abandon du gaz russe et du nucléaire, fragilise l’ensemble du continent. Les tensions politiques, notamment en Allemagne avec des révélations sur l’opposition des Verts au nucléaire, et en France avec l’effondrement du gouvernement Barnier, intensifient les incertitudes. La stabilité de la zone euro et de sa monnaie est désormais en péril, dans un contexte de récession imminente.
L’ensemble de l’analyse est à lire sur https://or.fr/actualites/europe-enfonce-dans-la-crise-3462
Dans ce bulletin, nous revenons sur le marché de l’or avec quelques prévisions à court terme, ainsi que sur la sous-performance des majors ces dernières semaines, tout en mettant l’accent sur deux juniors prometteuses.
Commençons par la sous-performance des majors Newmont et Barrick cette année, qui affichent des pertes nettes depuis le début de l’année. Alors que le prix de l’once d’or atteint des records mois après mois depuis janvier, cette contre-performance des leaders contribue à la désaffection générale envers le secteur. Lorsque les leaders déçoivent, l’ensemble du marché en pâtit, et c’est précisément ce qui se passe actuellement. Ces deux actions, qui représentent 20 % de l’indice GDX, pèsent lourd sur sa performance, bien que l’indice phare des minières affiche malgré tout une hausse de plus de 20 % depuis le début de l’année.
Cette situation révèle que certaines minières surperforment largement le GDX. Lundin Gold, par exemple, a récemment atteint un plus haut historique, et Kinross réalise également des performances bien supérieures à l’indice. Ces exemples soulignent l’importance d’une sélection rigoureuse des actions dans un portefeuille. Sans cela, les investisseurs risquent de manquer le momentum haussier exceptionnel que connaît actuellement le secteur des minières.
Le GDX sous-performe nettement par rapport aux minières soigneusement sélectionnées.
Plus que jamais, comme nous l’avons souvent souligné dans ces bulletins, il est essentiel d’éviter les ETF dans le secteur minier, particulièrement dans le contexte actuel.
Les ETF ont un impact négatif important sur les secteurs qui nécessitent beaucoup de capitaux, comme l'industrie minière. Ces fonds, au lieu d'investir directement dans des entreprises pour financer leur croissance (via le marché primaire où de nouvelles actions sont émises), concentrent les capitaux sur le marché secondaire, où seules des actions déjà existantes sont échangées. Cela signifie que l'argent des investisseurs ne profite pas directement aux entreprises, ce qui pose un problème majeur pour les secteurs comme le minier, qui ont besoin de financement constant pour développer de nouveaux projets.
De plus, les ETF exacerbent ce problème en utilisant une pratique appelée prêt de titres. Ils peuvent louer les actions qu'ils détiennent à d'autres acteurs financiers, souvent pour des activités spéculatives comme le short selling (vente à découvert). Cette pratique détourne encore davantage l'objectif initial de l'investissement, car elle ne contribue ni au financement des entreprises ni à leur croissance. Au contraire, cela peut même augmenter la pression sur le cours des actions, compliquant encore plus la capacité des entreprises à lever des fonds via de nouvelles émissions.
En résumé, les ETF, en attirant les capitaux vers le marché secondaire et en louant leurs actions pour des gains financiers, limitent le financement direct dont les entreprises ont besoin, ce qui est particulièrement destructeur pour des industries comme les mines, où les projets sont longs, coûteux et critiques pour l'avenir.
Tant que ces fonds passifs domineront ce secteur, le véritable essor de l'industrie restera retardé.
Je reste persuadé que certaines sociétés minières continueront à surperformer l’or dans les années à venir. Par ailleurs, le mouvement haussier de l’or est loin d’être achevé. Voici quelques éléments à ce sujet :