Recherche Bay numéro 253 - 12-02-2025
Vendredi a été une journée pleine de rebondissements pour les minières.
La journée a commencé fort avec l’annonce d’une rupture de métaux précieux en Corée du Sud, propulsant l’Argent en breakout au-dessus des $34.
Mais quelques heures plus tard, les chiffres catastrophiques des ventes de détail, combinés aux annonces de désescalade des tensions nucléaires entre les États-Unis et la Chine et à une possible fin du conflit en Ukraine, ont fait s’effondrer l’ensemble du secteur des matières premières.
Les vendeurs à découvert en ont profité pour renforcer leurs positions, invalidant le breakout du Silver, qui est retombé sous $32.50 en fin de soirée.
Résultat : certaines minières, qui avaient ouvert à +5%, terminent en forte baisse. Les vendeurs à découvert savourent une belle victoire… mais sans doute de courte durée, tant la situation sur le marché des métaux précieux devient critique.
Cette semaine, j’ai publié deux bulletins macro sur ce sujet : Le premier revient sur la ruée vers l’or physique. Le second, également publié sur or.fr, analyse la ruée sur l’argent physique.
Le marché de l’or connaît une transformation majeure, marquée par une divergence croissante entre l’or papier et l’or physique. Le mécanisme d’arbitrage Exchange for Physical (EFP), qui permettait de compenser les écarts de prix entre Londres et le COMEX, ne fonctionne plus efficacement. La pénurie d’or physique, les contraintes logistiques et la perte de confiance envers les institutions financières occidentales poussent les banques centrales et investisseurs à privilégier la détention d’or réel.
Parallèlement, la reprise de l’inflation aux États-Unis (3,3% en janvier) et la hausse des taux d’intérêt à 10 ans créent un contexte macroéconomique favorable à l’or.
Le déficit commercial américain s’est d’autre part fortement creusé, alimentant les tensions entre la Fed et Trump, qui veut baisser les taux pour amortir l’impact de nouveaux tarifs douaniers.
Malgré un envol de l’or à 2 900 $ l’once, les investisseurs occidentaux restent en retrait, les réserves du GLD ETF ayant chuté à leur plus bas niveau depuis 2019. Reste à savoir à quel prix ils reviendront sur le marché.
Les tensions sur le physique sont donc montés d’un cran Vendredi.
La Corée du Sud fait face à une pénurie d’or et d’argent, provoquée par une ruée FOMO qui a créé un "kimchi premium" record, avec un écart de 20 % par rapport au marché de Londres. Face à cette demande, les banques sud-coréennes ont suspendu la vente de lingots d’or et d’argent, aggravant la pénurie.
Sur le COMEX, l’argent connaît une ruée similaire à celle de l’or, avec des livraisons d’or dépassant 60 000 contrats pour février et une probable hausse à 70 000+ contrats (soit plus de 200 tonnes). Cette pression sur les stocks physiques est historique, avec 280 tonnes d’argent ajoutées en seulement trois jours cette semaine.
Le COMEX se transforme en aspirateur à métaux physiques, drainant les stocks de la LBMA. La cassure récente du silver, bien que combattue par les ventes à découvert, est marquée par un intérêt record sur SLV et une pression continue sur les stocks disponibles.
L’argent est dans une configuration explosive, avec un risque élevé de short squeeze à ces niveaux. C’est sans doute pourquoi les vendeurs à découvert défendent avec acharnement le seuil des $34. Si cette résistance venait à céder, l’argent pourrait être catapulté à la hausse de manière brutale.
La question est désormais combien de temps cette situation peut durer.
Les minières réagissent peu à ces tensions sur le marché physique, les vendeurs à découvert estimant qu’aucune rupture d’approvisionnement ne surviendra à court terme pour les livraisons des prochains contrats.
Analysons dans la suite de ce bulletin, ce qu’il en est réellement concernant les échéances de ces contrats à terme. Nous examinerons également les premiers résultats publiés par les sociétés productrices.