Recherche Bay numéro 268 - 27-05-2025
Le bulletin macroéconomique que j’ai publié cette semaine sur or.fr revient une nouvelle fois sur les tensions croissantes du marché obligataire.
Cette fois-ci, c’est du côté du Japon que les fissures deviennent les plus visibles.
Le Japon traverse une crise silencieuse mais profonde, marquée par deux chocs simultanés : une inflation visible et une tempête obligataire. La flambée du prix du riz — symbole culturel et denrée de base — a déclenché une panique politique, poussant le gouvernement à puiser dans les réserves stratégiques avant de suspendre les ventes. Mais la véritable alerte vient du marché des obligations d’État japonaises (JGB), où les taux à très long terme se sont envolés, provoquant une inversion inédite de la courbe des taux entre les maturités 35 et 40 ans. Ce dysfonctionnement reflète une perte de confiance et une liquidité défaillante.
Les grands assureurs japonais, comme Nippon Life, subissent des pertes latentes colossales — plus de 60 milliards de dollars — du fait de la chute de valorisation de leurs portefeuilles obligataires. Ces pertes, bien que non réalisées, fragilisent gravement les bilans, remettant en cause la viabilité d’un modèle fondé sur des décennies de taux proches de zéro.
La Banque du Japon, qui détient plus de la moitié du marché obligataire, réduit désormais son soutien, laissant apparaître la véritable valeur — bien plus basse — des titres d’État. Simultanément, la dépréciation du yen et le besoin urgent de rapatrier des capitaux ont relégué le Japon au second rang des créanciers mondiaux, derrière l’Allemagne.
Ce déséquilibre pousse les institutions japonaises à liquider des actifs étrangers, dont des obligations américaines, ce qui accentue les tensions sur les marchés globaux. Le fameux « yen carry trade », qui soutenait depuis deux décennies les marchés actions et obligataires à l’échelle mondiale, se délite.
Les autorités tentent de calmer les marchés avec des ajustements techniques, mais ces mesures ne règlent rien sur le fond. La crise actuelle remet en cause l’ensemble du modèle économique japonais et signale un basculement plus large du régime financier mondial. Dans ce contexte, l’or physique apparaît comme l’un des seuls actifs de confiance, hors du système et non exposé aux risques de dette souveraine.
Ce qui se joue au Japon dépasse une crise locale : c’est un signal d’alerte sur la soutenabilité globale du système fondé sur la dette publique.
Avant de passer à l’actualité des métaux précieux, un bref retour sur deux publications récentes de Recherche Bay Premium :
La première est consacrée à Pan American Silver, avec un décryptage de sa dernière acquisition de MAG Silver.
La seconde, rédigée par ma fille Juliette, est une note ouverte à tous sur Atico Mining, à la suite de notre visite du site d’El Roble en Colombie.
Bonne lecture à tous — et à présent, place à l’actualité des métaux précieux dans ce bulletin spécial: