Recherche Bay numéro 79 - 12/10/2021
La stagflation s'installe
La hausse des prix de gros est de plus de 13% en Allemagne en Septembre, c’est du jamais vu depuis 1974.
La contagion de l’inflation anticipée dans ces bulletins depuis plusieurs mois désormais s’accélère.
L’inflation continue à être poussée par une hausse des coûts de l'énergie et des prix des matières premières.
C’est désormais au tour des prix des fertilisants de subir à leur tour une envolée spectaculaire, qui dépasse la hausse de 2008
La hausse des prix de l'énergie et des engrais annonce une hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires dans les toutes prochaines semaines.
La hausse des prix sur certains produits agricoles commence par ailleurs a avoir des répercutions sur la chaine de production alimentaire. Les phénomènes de pénuries qui ont démarré dans le secteur industriel en Septembre concernent désormais ce secteur. En Colombie, la hausse brutale des prix du café a déjà créé des disfonctionnements sur la chaine de production entrainant des ruptures d’approvisionnement selon la Fédération Nationale des Exploitants. On en a beaucoup parlé dans ces bulletins, cette contagion aux prix de la nourriture est l’effet le plus inquiétant de cette folie monétaire, surtout lorsqu’on regarde dans l’histoire récente que ce sont précisément ces hausses de prix qui ont engendré des conflits majeurs et particulièrement au Moyen Orient (printemps Arabe pour ne citer que le dernier épisode en date).
Aux Etats Unis, la hausse des coûts de l'énergie est moins sensible qu’en Europe, mais là aussi un phénomène de contagion est en train de s’opérer sur ce marché en particulier sur les prix du gaz naturel. Et ces hausses toujours aussi soutenues sur les matières premières ont un effet sur les indices des prix et sur les niveaux de prix des biens payés par les consommateurs.
La hausse vertigineuse des prix des voitures d’occasion a repris de plus belle aux Etats Unis, conséquence de la pénurie de composants qui a engendré un assèchement de l’offre des véhicules neufs.
Toujours aux Etats Unis, le secteur de l’immobilier envoie des signaux contradictoires mais finalement assez logiques dans cette nouvelle étape de l’inflation que nous vivons:
Les prix sont toujours en hausse…
… et les demandes de permis ont même repris leur ascension: le maintien des taux bas et la crainte de hausse des prix encouragent les décisions de projets immobiliers, quoi qu’il en coûte…
Mais les pénuries et les difficultés d’approvisionnement commencent à avoir un effet négatif sur les livraisons de programmes neufs…
L’assèchement de l’offre est lié aux effets de l’inflation et non d’une baisse de l’engouement vers le rêve immobilier américain.
L’immobilier neuf est en train de se transformer en un produit de luxe. Le niveau des prix commence à avoir un effet dissuasif… qui n’a rien à voir avec le niveau de la demande.
Tout le monde rêve de rouler en Ferrari, et pourtant les ventes de voitures de luxe ne s’envolent pas! C’est ce qui commence à se passer sur certains biens de consommations qui deviennent progressivement inaccessibles.
Nous sommes entrés comme prévu dans le cycle de la stagflation, qui conjugue hausse continue des prix et ralentissement de l’activité économique du fait justement de ces pertes soudaines de pouvoirs d’achats.
En Allemagne, le ralentissement est même très marqué ces dernières semaines. L’Allemagne semble être rentrée dans la stagflation de manière encore plus rapide…Les commandes repartent fortement à la baisse (en particulier dans le secteur automobile)
Plusieurs raisons à ce pic de stagflation allemande.
Avec sa politique énergétique singulière, l’Allemagne a rendu son secteur industriel beaucoup plus sensible au choc de la hausse des prix de l’électricité et du gaz naturel. Le pays subit de manière encore plus violente les hausses des prix de l’energie.
Le pays est aussi plus exposé au ralentissement économique chinois. L’Allemagne est devenu un véritable thermomètre de l’activité chinoise, les chiffres allemands sont d’ailleurs une indication beaucoup plus précise de ce qui se passe vraiment dans l’économie chinoise qui subit en ce moment un ralentissement très important.
La deuxième puissance chinoise attire en ce moment tous les regards à cause de la propagation de la crise obligataire due à l’effondrement d’Evergrande. Le risque crédit se propage désormais sur le niveau de crédit de la Chine:
C’est surtout la contagion sur les marchés obligataires mondiaux qui seraient néfastes. Dans le contexte actuel de forte inflation, c’est une menace de plus à considérer dans le programme de contrôle des taux mis en place par les banques centrales…
En ayant décidé de poursuivre leurs interventions sur ces marchés, les banques centrales risquent donc d’avoir pas mal de pain sur la planche!
Elles peuvent sans doute espérer un reflux de certains prix de matières premières comme le gaz naturel qui est aujourd’hui à des niveaux instables par rapport au niveau de l’offre.
Mais sur certaines autres matières premières, le contrôle des prix par les marchés futures risquent d’être une mission périlleuse.
Sur les métaux en particulier, les niveaux de stocks ne permettent pas une forte correction des prix à court terme. Le Cuivre par exemple est à des niveaux dangereusement bas sur le marché à terme de Shangaï. Et les stocks du LME fondent aussi rapidement.
Sur le marché de l’Argent, les premiums repartent fortement à la hausse et les délais d’approvisionnement pour les commandes larges sont aussi en train de s’allonger. Signe de tension évidente sur les niveaux des stocks.
Sur le Comex, l’Open interest est repassé sous les niveaux du printemps 2020, les commerciaux ont encore réduit de manière significative leurs positions vendeuses en profitant des ventes des positions spéculatives des fonds.
Ces niveaux ont toujours représenté par le passé des creux significatifs pour le cours de l’Argent.
Forte demande physique d’Argent… et forte demande physique d’Or également.
La demande physique ne permet pas à l’or de s’apprécier en raison de l’action vendeuse de nombreux fonds sur le marché des futures.
L’or est actuellement maintenu à la baisse par des spéculateurs qui jouent la corrélation inverse de l’or par rapport aux taux et au dollar sur le marché des futures. Près de 70% des clients interrogés par la banque JP Morgan sont haussiers sur le dollar à court terme ce qui n’arrange pas le sentiment très négatif sur l’or en ce début de trimestre.
Et pendant que ces nouveaux “shorts” entrent sur le marché des futures, les commerciaux continuent à réduire leurs positions vendeuses.
L’or a vu aussi une forte réduction des positions vendeuses des commerciaux la semaine dernière. Par rapport au creux de Mars dernier, la catégorie des “Swap dealers” est à un niveau de positions vendeuses qui est encore un peu plus haut… mais la position des spéculateurs longs ‘Managed Money”) est équivalent à ce qu’il était au dernier bas de l’or de Mars dernier. Là aussi, c’est le signe qu’un creux est en approche.
Graphiquement, le graphique Or/ SPX est en tout cas en train de “travailler” la résistance de deux ans en ayant percé son trend de consolidation entamé en Aout 2020. Pour rappel, ce graphe est sur un niveau d’objectif d’une figure harmonique fortement haussière qui devrait amener l’or à surperformer les indices de manière significative dès le franchissement de notre fameuse résistance horizontale.
Cette configuration reste très favorable à l’accumulation des titres de sociétés minières. L’action sur les titres que je surveille est en tous les cas caractéristique de cette phase d’accumulation.
Bonne fin de semaine!
Laurent Maurel
Important : Ce document est publié à titre d’information uniquement et donne l'avis de l'auteur au moment de la publication. Il ne constitue pas une offre d'achat ou de vente d'instruments financiers ou de conseil en investissement et ne confirme aucune transaction sauf convention contraire expresse.
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