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Recherche Bay numéro 86 - 30/11/2021
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Recherche Bay numéro 86 - 30/11/2021

L'inflation fait son entrée en Europe de manière fracassante

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Dec 1, 2021
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L’industrie européenne fait face à un choc inédit depuis 50 ans. Comme nous le prévoyions dans ces bulletins depuis le printemps dernier, la hausse des prix ressentis sur le terrain est d’une ampleur phénoménale.

En Allemagne, les prix des produits importés sont en hausse de plus de 20% par rapport à l’an dernier

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En Italie, l’indice PPI publié ce début de semaine est en hausse de +25,3% sur an, en hausse de 7.1% par rapport au mois dernier… ce qui correspond à un rythme de hausse annuel de +128%!

En Espagne, les prix de l'Energie sont en hausse de 9.1% par rapport à l’an dernier, mais c’est surtout l’indice des prix industriels (somme des prix des importations et des exportations) qui décolle littéralement en Octobre à +26.7%

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L’indice PPI lui s’envole de +31.9% dans le pays:

La question qui se pose désormais en Europe est la suivante: comment ces industriels vont faire pour reporter une telle hausse des prix sur le consommateur sans s’attirer la foudre des gouvernants qui ne manqueront pas de porter la responsabilité de la hausse des prix sur ces mêmes industriels?

Ces mises à l’index sont un phénomène tout à fait classique dans une phase d’inflation massive. La prochaine étape du cycle inflationniste que nous vivons actuellement concernera donc des tentatives de contrôles de prix par les autorités qui enclencheront logiquement des ruptures encore plus prononcées sur une chaine de production déjà très affaiblie par la crise sanitaire et par la hausse des coûts du transport et de l’énergie.

Ce type d’interventions conduit généralement à un risque hyperinflationniste (mise en place d’un marché parallèle, perte de confiance sur les prix officiels, perte de confiance sur la monnaie officielle). Espérons qu’à ce stade les autorités européennes ne choisissent pas cette voie, à un moment où la monnaie européenne est justement sous pression. Toute tentative de contrôle des prix en imposant aux producteurs de porter seuls la charge de l’inflation se retrouve sur le niveau de la monnaie, on l’a vu dans de nombreux exemples par le passé en Amérique du Sud ou sur le continent africain, et très récemment en Turquie.

La défense de l’Euro et le relèvement des taux d’intérêts devrait au contraire être débattu de manière urgente par les autorités monétaires européennes. Le choc inflationniste que nous subissons réclame une action forte des banquiers centraux.

Mais aujourd’hui, la BCE est malheureusement face à une situation beaucoup moins facile qu’il y a encore 10 ans. Sa politique monétaire a forcé tous les gérants à augmenter la durée et le risque de leur portefeuille obligataire. Regardons la duration moyenne des portfolios détenus dans le secteur financier allemand, le plus significatif en Europe:

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La moyenne des durations a globalement progressé de 5 ans en à peine dix ans, poussée par une recherche toujours plus intense de rendement des gestionnaires de ces portefeuilles. Toute hausse des taux aujourd’hui serait donc beaucoup plus douloureuse sur ces portefeuilles justement à cause de cette duration plus longue. De plus, les rachats d’actifs de la BCE ont détériorés le collatéral de ces produits obligataires ce qui rend les risques de pertes en capital réel d’autant plus important dans le cas où une hausse rapide des taux entrainerait une vente accélérée de ces produits.

La BCE est face à un énorme dilemme. Soit elle protège ces portefeuilles, en refusant d’agir sur les taux pour contrer l’inflation, soit elle agit au contraire en urgence sur les taux pour limiter la stagflation et ses effets d’appauvrissement de la classe moyenne dans toute l’Europe. Les prochaines semaines nous indiquerons le choix qui sera pris.

Pour le moment, la BCE a toujours le pied sur l’accélérateur et continue à faire tourner la planche à billet à plein régime, son bilan augmente de manière toujours aussi démesurée

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A ce stade, les signes tangibles du retour de l’inflation sont très clairs. en Europe, la baisse de l’Euro et la crise énergétique sont des facteurs aggravants.

L’indice Nordpool qui mesure la variation du prix de l’électricité en Europe a atteint en fin de semaine dernière un record historique de 228 € par MWh !

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Ne pas agir sur les taux aujourd’hui laisse la monnaie commune supporter seule la charge de ce choc, à un moment où les rendements réels obligataires s’effondrent, amplifiant les risques de perte en capital dans ce compartiment d’actifs:

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Ce risque de perte en capital se déroule à un moment où l’épargne des ménages aisés atteint des sommets. Depuis 2 ans, l’argent mis de côté par les classes aisées est en hausse spectaculaire.

C’est encore plus vrai aux Etats Unis où les réserves des ménages les plus favorisés sont à un plus haut historique.

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Jamais les personnes les plus riches n’ont eu autant de cash de côté, et la valeur de ce cash est en train d’être grignoté de manière spectaculaire par l’inflation, et de manière encore plus soutenue en Europe.

L’inflation plonge une grande partie de la classe moyenne dans la pauvreté. Mais pour les plus riches, l’inflation auto-alimente d’autant plus le cycle de la hausse des prix.

Dans ce contexte, et dans cette catégorie de population, l'inflation entraîne des dépenses, ce qui entraîne les prix à la hausse, ce qui pousse vers une hausse des salaires… et lorsque les salaires augmentent, les revenus augmentent à leur tour, générant de nouvelles dépenses. Nous sommes maintenant plongés de manière durable dans un cycle d'inflation, ce qu’enfin de plus en plus d’économistes semblent réaliser.

Et c’est peut être face à ce risque de dévaluation des monnaies que nous voyons aujourd’hui de plus en plus de banques centrales européennes augmenter leurs achats d’or face à un risque qui s’accroit de jour en jour.

Après la Chine, la Russie, l’Inde… de nouveaux pays s’ajoutent à la liste:

Singapour a augmenté pour la première fois en 20 ans ses réserves d'or d'environ 20 % cette année dans le cadre d'un mouvement passé largement inaperçu.

la Banque centrale d'Irlande a acheté 1 tonne supplémentaire d'or en octobre. Les achats nets depuis le début de l'année totalisent un peu plus de 2 t, portant les réserves d'or globales à 8 t.

Cette accumulation d’or par les banques centrales s’accompagne désormais de décisions de rapatriement d’or détenues à l’étranger. Après l’Allemagne, c’est au tour de la Serbie d’agir: le pays a ainsi décidé de faire revenir en toute urgences ses 37 tonnes d'or qu’elle détenait dans un coffre en Suisse. La banque centrale serbe participe à un mouvement général de sécurisation de comptes alloués qui, s’il continue, risque de poser un vrai problème sur l’architecture non allouée des comptes métaux dans plusieurs établissements financiers.

Dans le même temps et dans la même logique, les nations productrices de métaux redeviennent très protectrices sur leurs ressources. Le Chili et le Mexique envisagent d’augmenter leurs taxes sur l’extraction minière, l’Indonésie songe à bannir purement et simplement tout exportation d’étain, contraignant ses clients à ouvrir des centres de raffinage de métaux sur son sol. L’heure de l’investissement “papier” sur les matières première est en train de se terminer, les investisseurs recherchent à présent une véritable exposition sur le tangible et sur les acteurs qui ont la main sur la matière!

En regardant avec plus de recul les cours de l’or, on remarque que l’or est toujours coincé entre $1760 et $1800 dans ce fameux triangle de consolidation entamé à l’été 2020. Les baissiers sur l’or ont réussi à contenir le dernier breakout et nous sommes redescendus depuis sur la ligne de tendance haussière démarrée depuis 2018.

Pour terminer, retour bref sur les marchés: la figure harmonique Crab détectée sur le Nasdaq dans le bulletin numéro 83 a bien donné un signal de baisse dont la première cible n’est toujours pas atteinte

Même si la fin de l’année implique logiquement le maintien des marchés en lévitation pour le marquage des performances annuelles, graphiquement la cible baissière n’est toujours pas atteinte et la pression vendeuse sur les indices est donc toujours présente sur les derniers tops.

Bonne fin de semaine,

Laurent Maurel

Important : Ce document est publié à titre d’information uniquement et donne l'avis de l'auteur au moment de la publication. Il ne constitue pas une offre d'achat ou de vente d'instruments financiers ou de conseil en investissement et ne confirme aucune transaction sauf convention contraire expresse.

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