Recherche Bay numéro 137 - 23/11/2022
L'arrivée de Musk à la tête de Twitter va-t-elle changer le regard des investisseurs sur les valeurs technologiques ? Les anciennes stars de ce marché technologique vont-elles devoir démontrer qu’elles sont avant tout capables de générer un cash-flow suffisant pour justifier leur valorisation boursière ?
C’est la question posée au centre de mon dernier bulletin publié sur or.fr et intitulé “Fin de fête pour la tech, pivot de la Fed, dédollarisation et stocks de métaux précieux”
La pression sur les valeurs technologiques devrait accélérer le basculement des investisseurs vers le compartiment “Value” du marché, ce qui devrait attirer un peu plus d’intérêt sur le secteur que je couvre dans ces bulletins.
Dans le bulletin spécial minières de la semaine dernière réservé à mes abonnés, j’ai évoqué 4 compagnies minières sur lesquelles j’effectue une veille active à la suite de mes entretiens avec leurs dirigeants ces dernières semaines.
Des 4 sociétés citées la semaine dernière, seule Avino a continué sa progression, sans doute encouragée par ses bons résultats et par le fait que contrairement aux autres juniors étudiées, Avino peut compter sur une production de métal même minime. C’est la preuve que le marché est encore et toujours focalisé sur le cash flow et non sur les ressources, c’est évidemment très pénalisant pour les exploratrices. Personnellement je n’ai pas encore bougé sur aucun de ces 4 dossiers.
C’est d’ailleurs un peu le sentiment que j’ai eu à la conférence 121 à Londres, où quasiment tous les CEOs d’exploratrices m’ont fait état d’un marché très morose. Quelle frustration! Après des années d’exploration, ces sociétés ont réussi à dérisquer des projets complexes, elles ont établi des preuves de ressources et sont aujourd’hui confrontées à un marché qui ne valorise pas ces ressources qu’elles ont eu tant de mal à sécuriser. Leurs cours en bourse se sont effondrés par ce que les investisseurs dans le secteur minier ont arrêté de valoriser les ressources. Les exploratrices se retrouvent désormais dans une impasse: à ce niveau de valorisation, un financement Equity est impossible car la dilution compromettrait la structure capitalistique.
Quelle solution adopter?
Mettre la société en position d’attente (“on hold”), en attendant que le marché se retourne? Le problème avec cette solution est que l’on perd les équipes: cela complique le redémarrage dans un marché de l’emploi qualifié (géologues d’exploration) très tendu et cela dévalorise le projet qui est aussi et avant tout une histoire humaine.
Ou bien essayer de vendre la propriété à prix bradé pour essayer au moins de ne pas perdre l’investissement des premiers actionnaires historiques? Là aussi cette solution présente des problèmes, surtout en terme de confiance de l’actionnariat qui n’a pas pu participer au premier montage Equity et qui sera lésé dans l’opération. L’histoire récente nous montre qu’il est très difficile pour une équipe qui procède à ce type de vente anticipée de regagner la confiance des institutions très (trop) peu nombreuses sur ce marché.
Il n’y a pas de solutions simples pour ces juniors.
La première voie de mise en sommeil a été choisie cette semaine par Bonterra Ressources. Je suis la société depuis maintenant deux ans, le départ de Pascal Hamelin en Janvier dernier était un signal d’alerte. Les résultats de campagnes de forages ont été pourtant excellents en 2022
La compagnie avait même avancé un plan GES environnemental qui est une référence à ce stade du projet au Canada
Tout ça pour ça! Je suis en perte de -75% sur une position initiée en 2021 , heureusement c'est une toute petite ligne dans mon portefeuille (qui ne m’oblige pas à couper ma perte vue la somme ridicule que cela représente désormais). La nouvelle équipe dirigeante a mis les opérations “on hold” parce que la société ne peut pas se refinancer avec un prix de l'action aussi bas. Les actionnaires ont dit “on arrête de diluer et on attend”. C'est risqué parce qu'ils vont devoir trouver une nouvelle équipe quand ils vont redémarrer. Les ressources prouvées sont bien là, et c’est très frustrant pour un investisseur, comme pour beaucoup de projets aurifères au Canada qui sont coincés dans un marché très difficile. Je pense même que Bonterra s’en sortirait mieux si elle n’était pas une compagnie publique! Les marchés sont théoriquement faits pour faciliter l’accès au capital, pour nos juniors Gold le marché les pénalise car elles ne peuvent plus se financer tellement ces titres ont été massacrés. C’est le cas de Bonterra, mais c’est aussi le cas de nombreux autres dossiers au “tapis” que je suis comme les valeurs suivantes (dans mon portefeuille):